Le temps des questions :

En tant que parents, le monde de l’enseignement ne nous est pas forcément connu. Oui bien sûr, nous connaissons l’école du point de vue de l’élève, car nous aussi sommes passés par là. Mais le contexte dans lequel celle-ci est organisée, subventionnée et règlementée ne faisait pas partie de nos premières interrogations lors de l’inscription de nos enfants. Pour la plupart d’entre nous, notre choix d’école s’est fait sur base de la proximité géographique ou de la pédagogie mise en place.

Sur le terrain cependant, la structure de l’enseignement et particulièrement son financement ont beaucoup d’influence sur l’organisation de l’école et par conséquent le quotidien des enfants.

En 2019, après un été intense en travaux d’aménagement des classes, l’école Wal-Active a ouvert ses portes. Aujourd’hui, le chantier est loin d’être terminé : les besoins de la nouvelle école sont grands. L’aventure vient seulement de commencer !

Dans la région, la participation des parents a suscité l’intérêt de médias locaux. Un journaliste de la DH a fait le déplacement et a rédigé un article avec pour titre « Les parents rénovent la future école de leur enfant à Rebecq [1]  ». C’est lors de ces prémices que la question de l’investissement des parents s’est posée. Est-ce le rôle des parents de faire tout cela ?

Avec le temps, nos questionnements ont pris de l’envergure et nous nous sommes alors intéressés au fonctionnement et aux attributions des subsides. Nous avons recherché, lu et échangé avec différents acteurs de l’enseignement. Un peu plus d’un an après l’ouverture de l’école Wal-Active ; voici où en est notre réflexion en la matière.

La gratuité de l’enseignement :

Nous le savons tous, scolariser son ou ses enfants n’est pas gratuit. La Fédération Wallonie Bruxelles (FWB) marque d’ailleurs la nuance et parle de « gratuité d’accès à l’enseignement obligatoire [2] ». Les coûts liés à la scolarité (traitements des enseignants et frais de fonctionnement des écoles) sont en partie pris en charge par les autorités publiques.

Avec ces nouvelles dispositions, la FWB veut donner à tous l’accès à la scolarité, indépendamment des moyens financiers dont nous disposons. Dans ce sens, cette dernière cherche à garantir une égalité des chances aux enfants de chaque ménage.

Néanmoins, la capacité d’une telle mesure à atteindre son but est indissociable de la question du financement des écoles. D’une part la FWB informe les parents sur les limites des frais scolaires, mais d’autre part elle fait perdurer une différence dans les financements de fonctionnement octroyés aux différents réseaux de l’enseignement. 

« En primaire, un enfant scolarisé dans le réseau WBE reçoit 1.200 euros de subventions [de fonctionnement], son copain dans le communal en reçoit 700 auxquels le pouvoir local ajoute en moyenne 900 euros tandis que celui qui est formé dans le libre subventionné reçoit 600 euros » [3].

Les écoles communales bénéficient d’une aide substantielle de la Commune sous formes d’avantages sociaux [4] (l’organisation de restaurants et de cantines scolaires, aux infrastructures communales, l’organisation de l’accueil des élèves sur le temps de midi ou une heure avant et après les cours, …). Bien que ces avantages proposés aux écoles communales doivent être offerts aux autres écoles du réseau libre subventionné de la commune, dans la pratique, il est n’est pas toujours aisé d’y avoir accès car les démarches ne sont pas automatiques et l’information sur les avantages auxquels l’école y a droit n’est pas forcément communiquée. Ce qui peut paraître une forme d’inégalité de répartition de l’argent public pour deux enfants scolarisés dans deux écoles voisines mais de réseaux différents.

En effet, l’école Wal-Active fait partie du réseau libre subventionné, ce qui signifie que l’école des enfants est directement impactée par ces différences de financement pour son fonctionnement.

Notons que dans le libre subventionné se retrouve aussi les écoles confessionnelles (écoles catholiques majoritairement) qui peuvent avoir d’autres sources de financement (par ex. du mécénat lié aux convictions philosophiques) et le plus souvent ne doivent pas ou plus financer les prêts pour les bâtiments occupés ; ce qui n’est pas le cas des écoles du non-confessionnel comme la nôtre.

En résumé, nous retrouvons trois niveaux de déséquilibre : (1) L’école reçoit deux fois moins de subventions de fonctionnement, (2) l’école ne bénéficie pas automatiquement des services de la commune alors qu’il est probable que les parents d’élèves y paient leurs impôts et (3) l’école ne peut pas compter sur le soutien de généreux mécènes présents dès le démarrage de l’école et tout au long de sa scolarité.

L’accès à l’école est offert à tous, mais il est beaucoup plus difficile dans ces circonstances pour l’école Wal-Active d’offrir les mêmes chances d’émancipation sociale prônées par le Décret Mission [5] sans une certaine créativité et mobilisation de tous les acteurs. Il en va de l’avenir des enfants et de leurs possibilités de se développer dans un endroit sécurisant et stimulant.

Pourquoi cette différence de traitement :

Le premier argument régulièrement mis en avant pour répondre à cette question est l’obligation pour les écoles organisées par les pouvoirs publics (communes, provinces et écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles) de respecter la neutralité et que celle-ci à un coût.  L’article 24 de notre constitution stipule : « La Communauté assure le libre choix des parents. La Communauté organise un enseignement qui est neutre. La neutralité implique notamment le respect des conceptions philosophiques, idéologiques ou religieuses des parents et des élèves ». Ils sont donc tenus d’organiser des cours philosophiques pour l’ensemble des convictions philosophiques reconnues en Belgique et ce, même pour un nombre très limité d’enfants. Le second est l’obligation de suivre les directives pédagogiques (programme imposé) et de se soumettre au contrôle public, des projets d’envergures ne peuvent être réalisés sans passer par l’aval de différents instances.

Choisir un enseignement libre c’est bien, mais « quand on revendique la liberté, on accepte aussi de l’assumer pleinement »[6] sonne la réplique.

Le constat, et puis quoi ? 

Face à ces différences dans les financements et les querelles interminables entre réseaux qui l’accompagnent, nous avons tout d’abord ressenti de l’indignation. Nous nous entendons encore nous exprimer avec colère envers « le système », « les politiciens », … Parfois, l’indignation fait place à un profond sentiment d’impuissance à changer les choses. Nous nous sommes demandés « qui voudrait se lancer dans la bataille ? ».

Alors quoi ? S’agit-il d’une inégalité ? Ou avons-nous du mal à assumer pleinement notre liberté ? N’est-t-il pas légitime de vouloir un financement comparable autres réseaux pour offrir une pédagogie alternative ?

Malheureusement, dans l’état actuel sans une mobilisation des parents, membres du personnel et de toute personne désireuse de s’investir dans le projet de l’établissement, aucun aménagement des cours de récréation, aucun endroit adapté pour les enfants pour faire du sport, … ne seraient possible. 

L’asbl Amis de l’école Wal-Active a vu le jour pour mobiliser les parents et reprendre en main notre pouvoir d’agir, de poser des actes conscients afin de contribuer au bien-être et au développement des enfants au sein de l’école.

On espère que vous nous rejoindrez et ferez le choix de reprendre votre pouvoir de faire évoluer la situation par des actes très concrets (son temps, son énergie, des dons). Les enfants ont tout à gagner que nous fassions suivre notre premier choix (l’inscription) par un acte, celui de l’engagement.

 

Si vous voulez savoir quelles actions concrètes l’asbl vous propose cliquez ici.

L’asbl a rassemblé sur son site les informations pertinentes afin de mieux comprendre l’enjeu.

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Amicalement,

 

Les Amis

 

 

Références:

[1] Geerts Sarkis: pour la DH – Les parents rénovent la future école de leur enfant à Rebecq (2019)

[2] http://www.enseignement.be/

[3] Rapport McKinsey : Contribuer au diagnostic du système scolaire en FWB (2015)

[4] Décret relatif aux avantages sociaux (https://www.gallilex.cfwb.be/document/pdf/25875_001.pdf )

[5] Décret définissant les missions prioritaires de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire et organisant les structures propres à les atteindre du 24/07/1997

[6] Michel Verbiest dans Le Vif : Aux partisans de l’école catholique, adeptes de la liberté financée par autrui. (2019)